Wat kann, dierf, soll oder muss ech…? - ou les enjeux de la santé mentale de nos enfants

PUBLIÉ LE 20/11/2025

Un événement unique au Luxembourg intitulé « Wat kann, dierf, soll ou muss ech... » s'est tenu à Sandweiler à la mi-mai 2025. Dans le cadre d'une table ronde organisée par la Commission sociale et d'intégration, des élèves des cycles 3 et 4 ont participé pour aborder les sujets qui les préoccupent dans leur vie quotidienne et obtenir des réponses d'experts invités à cet effet. Les discussions ont été ouvertes et sincères, car les questions ont été posées en partie de manière anonyme.

« Pour un enfant, rien n'est insignifiant lorsqu'il s'agit d'un problème grave et important », aime à dire Joëlle Golinski, mère d'une fille aujourd'hui adulte. En automne 2024, la présidente de la Commission sociale et d'intégration de la commune de Sandweiler et ses huit membres ont eu l'idée d'organiser un événement inédit. Comme souvent, une telle initiative trouve son origine dans un élément déclencheur concret. Joëlle Golinski se souvient qu'au début de l'année dernière, elle a été témoin d'une scène qui l'a marquée : à Sandweiler, elle a vu deux adolescents frapper et harceler l'un de leurs camarades en pleine rue. Après avoir partagé cette observation avec la commission, les membres ont immédiatement réagi en disant : « Si c'est ça, notre quotidien sur la voie publique, il faut agir vite. »

C'est ainsi qu'est née l'idée d'un projet pilote visant à aborder la santé mentale des élèves et leurs problèmes sous la forme d'un groupe d'experts. Après avoir présenté leur projet au collège échevinal, les élus ont rapidement donné leur feu vert. Interrogé à ce sujet, le bourgmestre, Claude Mousel, a déclaré : « Lorsque les membres de la commission sociale et d'intégration nous ont fait part de leur idée, nous avons tous convenu qu'il fallait agir sans délai. Et lorsque l'événement a eu lieu, j'ai pu constater sur place à quel point le besoin était réel. »

En effet, quelques mois plus tard, le 14 mai 2025, plus précisément, une table ronde intitulée « Wat kann, dierf, soll ou muss ech... » s'est tenue au centre culturel de la commune. Tous les élèves des cycles 3 et 4 y ont participé et ont abordé des thèmes pertinents. Une telle organisation a nécessité plusieurs mois de préparation, impliquant une bonne collaboration entre les différents acteurs : la commission responsable du projet, l'école, le personnel enseignant et celui de la maison relais. Les élèves des cycles 3 et 4, qui étaient les principaux intéressés, étaient bien sûr également de la partie. Des représentants des organisations et associations suivantes ont également été invités : Inter-Actions, le Kanner-Jugendtelefon, Psy Jeunes, service social de la commune de Sandweiler et la Police grand-ducale. M. Charel Schmit, « Ombudsman fir Kanner a Jugendlecher » (OKaJu), et son équipe étaient également présents.

Le Sandweiler Kanner Root (SaKaRa) a également joué un rôle important lors de cet événement. En effet, les membres du conseil des enfants de la commune avaient pour mission de poser les questions lors de la table ronde, collectées au préalable de façon anonyme. Bien entendu il y avait également la possibilité de poser des questions de façon spontanée. « C'était une décision importante et la seule bonne, car c'était le seul moyen de garantir la crédibilité des enfants et le sérieux des questions. Un adulte n'aurait pas pu assumer ce rôle et aurait pu compromettre le succès de l'événement », explique Joëlle Golinski.

Les préparatifs comprenaient également une campagne de sensibilisation et d'information à la maison relais et à l'école, le bouche-à-oreille étant la meilleure publicité. Un autre point important était l'installation de boîtes dans les bâtiments pour permettre aux enfants d'y déposer leurs questions. Cela permettait de garantir l'anonymat et d'atteindre les enfants.

Les questions abordées lors des tables rondes de deux heures, organisées séparément selon les cycles étaient variées. Les élèves ont notamment interrogé les intervenants sur la sexualité, la jeunesse, le harcèlement, l'agressivité et la violence, les réseaux sociaux, ainsi que sur la responsabilité et le sens du devoir des parents. L'une d'entre elles demandait notamment s'il était acceptable qu'un parent enferme son enfant chez lui le soir, avec le système d'alarme activé, pour pouvoir sortir. Un autre cas était beaucoup plus grave : un enfant demandait s’il devait accepter des gestes de tendresse alors que ceux-ci lui étaient désagréables.

« Lorsque cette question a été lue, un grand silence s'est fait dans la salle », se souvient Joëlle Golinski.

La présence des autorités compétentes était également un atout majeur. Outre les échanges, les enfants ont ainsi pu découvrir des organisations œuvrant pour la protection des mineurs et savent désormais à qui s'adresser pour obtenir de l'aide. Un autre sujet abordé concernait le fait que les jeunes de 13 ans et plus sont pénalement responsables au Luxembourg. Les jeunes ont également été informés de détails pratiques, comme le fait que le numéro du Kanner-Jugendtelefon n'apparaît pas sur l'écran du téléphone après l'appel, ce qui empêche leurs parents de retracer l'appel. À cette occasion, un gadget en forme de balle anti-stress sur laquelle sont imprimés les numéros du Kanner-Jugendtelefon et de Psy Jeunes a également été distribué.

« C'était formidable de voir que les enfants n'avaient aucune appréhension. L'événement a été un franc succès. Je suis fier que notre commune ait été la première à mettre en place cette initiative, d'autant plus qu'elle concerne la santé mentale de nos enfants, un sujet qui, comme l'ont unanimement constaté les participants, ne reçoit pas l'attention qu'il mérite », conclut Claude Mousel. Il a par ailleurs été décidé que le projet serait reconduit tous les deux ans, pour les cycles 3 et 4, afin d'éviter tout chevauchement. Une date pour une deuxième édition a déjà été fixée au 3 février 2027, ce qui réjouit Joëlle Golinski et les membres de la commission sociale et d'intégration.